Tu es toi même un référenceur ? Ou alors tu as un business web et tu es conscient que le SEO est indispensable ? Tu ne peux pas passer à coté de cette interview. Ceux qui connaissent Loïc savent que c’est un référenceur de talent (son twitter et son blog). Ceux qui ne le connaissent pas (shame on you) doivent découvrir ce qu’il pense du SEO. Pourquoi Loïc est-il à mes yeux l’un des plus fin technicien SEO ? Parce que son boulot, référenceur, c’est avant tout une passion et qu’il ne s’arrête pas aux 35h agence. Place à l’interview de Loïc Helias et sa vision fraîche de notre métier de dingue.
Loic, tu es l’un des plus grands techniciens SEO du moment tu me le confirmes ?
En effet, depuis que j’ai emballé la première place Google sur « pelouse synthétique Bordeaux », je dois avouer que tout a changé : les femmes, l’argent, les drogues, j’ai même pu m’offrir ma licorne volante qui vient de prendre place dans mon box aux côtés de mon poney aquatique.
Non sérieusement, tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien.
S’il y a bien une chose à retenir en référencement, c’est que ton meilleur outil, c’est l’humilité. Tous les référenceurs étaient de grands techniciens jusqu’au 24 avril 2012 (Google Penguin 1).
Tu m’as personnellement fait redécouvrir qu’on peut encore réellement s’amuser en référencement, tester et tenter des actions. Sont-elles couronnées de succès de ton côté et pourquoi ?
Ancien amateur de jeux vidéo pour ne pas dire GameAddict (365 jours de jeu en 2 années sur le MMORPG World Of Warcraft durant mon adolescence), je n’ai jamais envisagé d’exercer un métier dans lequel je puisse stagner.
J’ai passé plusieurs années dans la banque, et déjà, je considérais les mécanismes de la finance de marché comme un jeu.
Lorsque j’ai découvert et compris quelques mécanismes du SEO il y a quelques années, j’ai eu l’impression de découvrir un gigantesque MMORPG gratuit !
Je ne te raconte même pas lorsque j’ai compris que je pouvais être payé pour jouer à ce jeu ! Pour en revenir à ta question initiale, 95% des tests donnent lieu à un échec. C’est beaucoup, je l’admets.En revanche, les 5% sont directement ou indirectement exploitables pour les clients. C’est pour ça qu’il est important de savourer les découvertes, elles sont rares, et peuvent parfois être dangereuses… Ce qui justifie que certaines techniques ne doivent pas être exploitées sous peine de mettre en péril la découverte.
Pourquoi m’arrive-t-il de découvrir des choses ?
Premièrement, et je tiens à le rappeler, j’échange énormément en petits comités, prenant soin de cloisonner les informations pour ne pas divulguer ce que je ne me suis pas approprié.
Deuxièmement, j’investis énormément en temps et en argent dans la phase de tests et de laboratoire. J’ai la chance de pouvoir exercer en agence web la semaine avec tout ce que cela comporte : mutualisation des outils, budgets, autonomie sur un grand choix de décisions et bien sûr la concertation en équipe.
Il n’y a pas de secret, quand je suis arrivé dans le web, je devais rattraper toutes mes années de retard. J’ai bossé dur, j’ai lu tous les blogs et forums seo, et je n’ai jamais arrêté. 95% du succès vient de ce que j’ai lu, des mecs que j’ai pistés, bref, de ce qui était sous mes yeux !
Les 5% qui restent et qui peuvent faire la différence, c’est l’audace, la curiosité et les nuits blanches. Ce sont ces moments où les concurrents moins pugnaces décrochent.
Ta conférence au SEOCamp de Bordeaux portait sur les liens.
La sphère référencement essaye aujourd’hui comme elle peut de faire passer le message que faire du lien n’est pas la solution, ou au moins pas forcément.
Est-ce à tes yeux exacts ou les référenceurs Français font passer ce message parce qu’ils ne savent plus créer des liens ?
Je ne pense pas que les référenceurs ne sachent plus faire des liens, et encore moins que le lien ne soit plus la solution. C’est juste différent.
Pour faire simple, je pense que certaines stratégies ne sont plus viables. Mais les sites qui rankent sur les grosses thématiques ont nécessairement besoin de liens. Ceux qui faisaient du lien avec intelligence s’en sortent toujours, de la même manière que ceux qui ont du budget pour obtenir de beaux liens…
Je dis régulièrement que si tu as un doute sur le lien que tu vas poser, ne le pose pas. Penser différemment, et essayer au maximum d’avoir la main sur 100% de tes liens pour très vite corriger le tir : un bon lien est un lien efficient et puissant.
Si les sites qui poussent ton site client ont suffisamment de popularité, tu ne dois pas avoir besoin de prendre de risques inconsidérés. Pour en revenir à ma conférence, on bascule d’une stratégie de money site à une stratégie de money sat avec l’apport de popularité associé à des objectifs de conversion off site ou autres… c’est là que les techniques du black hat s’avèrent très très utiles.
Et puis, ouvrons les yeux et regardons une page de résultats. Il y a une bonne dizaine de manières de capter du trafic.
Du coup, tu veux un backlink là tout de suite ou non ?
Linke plutôt Alex, notre jeune padawan seo qui sera le futur roi du pandaranol Saison 2 !
Pourquoi faut-il faire différemment pour réussir en référencement ?
Car les règles du jeu ont évolué tout simplement. Pour en revenir aux MMORPG, je jouais un personnage de la classe Paladin. Suite à de nombreuses plaintes, les éditeurs du jeu (Blizzard) ont décidé de modifier les caractéristiques du Paladin. Il est ainsi devenu moins puissant, déclenchant un glissement des joueurs vers une autre classe de personnages.
Avec Google, c’est pareil, ça porte juste un autre nom : une mise à jour. Le SEO était devenu trop puissant, il fallait modifier les caractéristiques de la classe SEO… Et si possible d’instaurer un glissement vers la classe SEA.
Pour en revenir à mon Paladin, quelques mois plus tard, on manquait de Paladins pour aller conquérir les grosses quêtes du jeu (les donjons). … Tiens ça ressemble à ta question sur le netlinking !
En discutant avec toi dernièrement, on conclut qu’il n’a pas que la position d’un mot-clé en référencement naturel qui compte. Quel est ton avis là-dessus ?
Le mot-clé est un piège, et souvent la porte d’entrée dans la relation avec le client. Lui vendre un mot-clé je ne sais pas faire. Cela peut faire l’objet d’un des nombreux objectifs pour mesurer la performance, mais l’expérience démontre que ce n’est pas ce qu’attend réellement un client. Lui il veut faire de l’argent, que sa dépense en acquisition d’audience organique lui procure une satisfaction supérieure à son investissement. Après tout, que le visiteur vienne de Google Image, de Google Actualité ou même de Caramail (big up à tous les Bogossdu{nom de département en chiffres}), il s’en fiche.
Le mot-clé n’est qu’un affichage à un instant T comportant de nombreux paramètres que je ne maîtrise pas. En revanche, des KPI’s fixés à l’avance lors de la mise en place de la stratégie, ça je sais faire.
Un mot-clé peut me mentir, un analytics et des objectifs ne mentent pas. C’est pour cela qu’avec mon confère Papy Spinning (c’est d’ailleurs lui l’expert en analyse d’audience), nous tentons au maximum d’orienter le client vers des données de mesure de la performance qui soient tournées vers les objectifs convenus au préalable avec le client.
Cela peut paraître lâche comme démarche, mais au contraire, je la trouve très fine et très proche des problématiques d’un professionnel. Je m’explique : lorsque l’on dit ne pas vouloir parler mot-clé, il faut aussi intégrer les mots-clés farfelus, faciles à atteindre qui pourraient émaner de la demande initiale du client. Dans ce cas, quelques modifications mineures sur le site et le tour est joué. J’ai déjà eu à gérer cette situation, et cela n’apporte rien à la prestation, bien au contraire. Le professionnel du web dit avoir exécuté la mission pour laquelle il était mandaté, monitoring à l’appui, et le client, piégé dans sa demande initiale ne peut que se sentir frustré. Ce sont des situations qui n’arrivent pas lorsque vous définissez des objectifs concrets liés directement à la situation et à l’environnement économique de l’activité du client.
Autre remarque liée au piège du mot-clé : l’adéquation entre le budget du client et ses prétentions. Ne pas se focaliser sur les mots-clés c’est aussi permettre au client d’avoir des résultats proportionnels à son investissement. Ce qui laisse de la place pour tout le monde et à tous les prix. Avec un investissement 10 fois moins important que les principaux concurrents on peut quand même gagner sa vie !
Alors oui, il faut parler taux de marque, taux de marge, conversions, appels entrants and co. Mais c’est aussi ça le conseil, partie de l’activité qui a probablement le plus évolué ces 2 dernières années.
Et pour en revenir aux mises à jour, je dois dire que ça aide énormément. La propagande Google aidant, de nombreux professionnels cherchent à maîtriser un minimum le risque sur internet tout en cherchant à maximiser leur visibilité.
Je suis persuadé, tout comme toi, que l’engagement du client est la clé du succès.
Concrètement, tu demandes quoi à tes clients ?
En agence, je n’interviens que très rarement sur la partie commercialisation. Chacun son rôle. Par contre, j’interviens en réunions lorsque le projet le justifie, c’est un rôle de soutien technique. En indépendant, les choses sont similaires, si ce n’est la partie devis et chiffrage de la prestation.
Dans les 2 cas, une prestation de SEO doit être la réunification de 2 acteurs : le client qui connait son domaine d’activité, et le prestataire qui maîtrise les leviers d’acquisition de trafic.
De la même manière que le client doit nécessairement s’imprégner des leviers d’acquisition, je dois m’imprégner de son environnement : économique, juridique, logique de marché, facteurs externes, concurrence… Ces discussions sont indispensables, car elles révèlent systématiquement des axes de travail que je n’aurais pas pu détecter sans la coopération du client. Ces échanges aident à instaurer un climat de confiance avec le client et permettent dans de nombreux cas de retracer l’historique du client sur internet. Le ton et les enjeux sont différents si j’apprends d’entrée par exemple que le site est sanctionné…
Tout le monde doit mouiller sa chemise, il me confie son patrimoine web avec la responsabilité des échecs ou du succès, il doit faire preuve de transparence et d’intérêt pour son projet.
Je ne suis ni logisticien, ni commerçant, encore moins assureur…, par contre j’ai une compétence qu’il n’a probablement pas. Associons nos expertises pour essayer d’en tirer quelque chose d’intéressant. Ça implique que lorsqu’il faut réaliser des contenus pour son site ou de valider les NDD de ses sites satellites, ce n’est pas pour lui mettre des bâtons dans les roues, mais bien pour construire avec lui (et son argent) sa stratégie de visibilité.
Je vais terminer sur une phrase honteusement volée à Papy Spinning et qui fait régulièrement surface lors des réunions avec le client:
Pas de textes, pas d’argent !
« Nous sommes pas des « experts ». Nous ne sommes pas des « marketeux ». Nous ne pardonnons pas (à Google). Nous n’oublions pas (Pingouin). Rebootez-nous »
Excellent article, avec un peu d’humour en prime ça ne fais pas de mal. je dis toujours à mes prospects ainsi qu’à mes clients « Un projet SEO réussis est avant tout le résultat d’une collaboration étroite entre le SEO et son client ».
D’une part car l’implication et la réactivité du client permettent au SEO de mieux s’intégrer au coeur des objectifs de la société, mais également, je pense, qu’en tant qu’humain, il est plus motivant de travailler pour une personne qui donne du coeur au travail et qui collabore avec vous, qu’un client qui ne répond qu’a un email sur 5.
Alexandre,
Complétement d’accord sur ton point de vue sur les mots-clés. Même quand on fait un suivi sur X mots-clés et que ça baisse, l’important est de voir si au global la quantité de visiteurs acquis par le SEO lui augmente. Et ensuite vérifier si le chiffre n’est pas moisi par une transformation en berne.
Très bonne interview, je ne connaissais pas Loïc avant ça, je vais m’empresser d’aller voir son blog 🙂
En tout cas il à l’air d’avoir des troubles de la personnalité vu les différent visages qu’il a sur les photos :p
Moi j’apprécie la dédicace au Bogossedu84 ! Et sinon bon article de fond merci pour le partage 🙂
Moi j’apprécie la dédicace au Bogossedu84 ! Et sinon bon article de fond merci pour le partage 🙂